octobre 2019

je suis déçue par mes rêves, un peu trop simples, j'ai encore crié sur ma mère à propos du capitalisme la dernière fois mais cette nuit ça allait, il y avait des restes d'une rencontre étrange en maraude avec *, un ancien de la rue avec une belle chemise bleue, son pote le trouvait d'ailleurs "joli" et il parlait de la pauvreté qui s'adapte à son territoire, il nommait des noms comme piketty et lordon et c'était agréable cet échange cultivé qui tombait précisément sur mes intérêts du moment
je lis "la ville vue d'en bas"

je suis retournée à * hier, c'était chouette et cela donne envie de proposer des choses, des personnes accueillantes et variées, un repère.

jeudi soir, trop tard dans la nuit je fais plein de discours dans ma tête, je suis à la veille sociale et je prends la parole à propos du logiciel siao et du protocol idiot, que j'ai la chance à mon poste de ne pas être embarrassée de ces questions logistiques organisationnelle mais que j'en vois les effets dans la rue et dans les centres d'hébergement d'urgence, qu'on parle de la fluidité qui manque dans les dispositifs et que ce n'est pas seulement l'ouverture de places en plus sur le territoire qui changera la donne je prends la parole aussi pour parler de ** et que le lien social est soignant même s'il prend du temps parfois, qu'il est moins simple et efficace qu'une hospitalisation sous contrainte mais tellement moins violent (et que nous avons un exemple récent), et qu'il sera rare dans mes propos d'entendre un jour une préconisation pro-psychiatrie, surtout pour "notre public", vos exclus, les pauvres, ceux qui cherchent un autre asile que celui qu'on leur propose, un asile qui n'existe quasiment plus
je prends la parole dans le bureau de mon chef de service pour lui donner des conseils véhéments, qu'il n'a pas à courber son échine face à *** qui semble vouloir nous transformer en agent du 115, fliqueur et traceur des sdf ; que s'il doit faire ses preuves en tant que nouveau chef de service, qu'il le fasse auprès de nous et non dans des partenariats non éthiques, et que j'espère pouvoir le compter comme un allié dans le futur et non une nouvelle entité à combattre

et quand je prends la parole ainsi dans ma tête, je suis éloquente et belle et puissante et politique et poétique - loin de la réalité

dimanche fin d'après-midi, je regarde un hors série avec la parisienne libérée sur le nucléaire et je pense à neo cab, à la rencontre amoureuse

journal de mes humeurs: le mar-mercredi, à 1:02 du matin-nuit, je suis un peu calme allongée dans le lit, deux couettes pèsent sur mon corps,
un peu calme après un poil de tristesse au visage inconnue
le flou de son origine m'exaspère mais elle est si souvent là qu'elle devient passagère de mon existence,
camarade en pyjama
familière
comment (vouloir) la chasser

vivement le jour où tout le monde arrêtera de participer à la mascarade, que les travailleurs sociaux arrêteront de poser des pansements pour maintenir le grondement, que les psychiatres arrêteront d'enfermer les fous ; vivement le jour où la violence du monde fera surface tel qu'il se doit, pour que tous les autres prennent conscience de son existence aujourd'hui camouflée par tant de métiers, dispositifs, personnes qui s'usent au quotidien pour réparer l'irréparable,
il faudrait réussir à montrer aux gens que le rsa est un minimum de survie pour contrôler et maintenir les pauvres dans un état de détresse qui ne leur permet que trop rarement de sortir la tête de l'eau pour se révolter, que les allocations pour le logement existent pour que les propriétaires augmentent les loyers comme ils le souhaitent et n'aident en rien l'accès à un chez-soi
ça suffit, laisser les fous être fous et violents, laisser les pauvres périr dans la rue, laisser les malades s'entasser dans les hôpitaux bientôt entièrement morgues
des cadavres comme seule réalité au milieu du capitalisme

mercredi soir, journal de mes humeurs: la tristesse s'allonge dans le temps et s'affaisse en déprime pluvieuse (à quoi bon, où trouver une issue, fatiguée à l'avance des prochains espoirs vains)
c'est quand je ne trouve pas d'espaces où discuter que j'écris
d'endroits où extraire le refoulé de retour
pour vous jouer un mauvais tour,
un lieu imaginaire hors de portée du réel : là où le langage se déploie
et le besoin d'aide se confronte au silence

alors à dix neuf heures dix, la sieste d'adieu
non: cinq minutes plus tard, je suis sur la route la nuit éclairée par des lampadaires, les phares de la voiture que je conduis et les diverses icônes allumées du panneau de bord du véhicule
j'ai dépassé les pensées auxquelles s'arrêtent la plupart des gens, ou bien est-ce seulement une
impression
il y a d'autres pensées derrière, d'autres idées plus farfelues et complexes, elles prennent du temps à s'aguerrir, ne savent pas où pondre leur oeuf
elles évoluent, sur une route de campagne mal éclairée ; les ombres de la forêt, d'où pourrait surgir inopinément une majestueuse biche avec ses faons, tapissent l'obscurité
elles sont comme de petits insectes qui dansent autour d'une source de lumière-chaleur
parfois illusoire ?
qui dansent et se cognent
comme des corps maladroits.
mais je me sens seule sur ce chemin, j'ai peur de me perdre


au milieu de ça, j'imagine une vidéo rigolote avec un lacan qui cause et des tripes d'humain grotesque dégoulinent dessus; l'image insensée d'un type qui bavarde sur la complexité de l'être humain, la profondeur philosophique inutile recouverte par des boyaux ensanglantés encore un peu fumants,
(peut-être (je pense à la vidéo death is inevitable in outer wilds))

et ce sont dans ces moments là, sans "un lieu imaginaire hors de portée du réel : là où le langage se déploie", que je regrette le psy de * et que je lui adresse des choses (imaginaires qui ricochent contre le vide du nœud, tombent dedans, ploc.)

jeu-vendredi, minuit trente deux: journal.. je pense: "retourner à la normalité, c'est accepter les horreurs du capitalisme pour s'en préserver"

ah oui et le peut-être premier émoi sensuel de petite fille, avec une autre, des simples et doux massage de paupières en triangle

samedi fin d'après midi, c'est le weekend c'est le repos de la pensée, l'heure du spectacle calme

samedi une semaine (ou deux?) plus tard, il est tôt dans le lit et je ne suis pas fatiguée par avance par la journée de travail à venir donc ça va, et le contraste des matinées de la semaine est triste
je joue à disco elysium, tout le monde dit que c'est très drôle mais iels oublient de dire que c'est triste également

mercredi fin d'après midi je voulais mettre en lien le journal d'humeur avec autre chose mais j'ai oublié quoi, aujourd'hui on dirait que le corps couve quelque chose, un virus quelconque et la mâchoire s'articule avec douleur, il y a également la fatigue des menstrues et du travail,
à quand le risque et l'aventure?
la routine ne me déplait pas, (mais) n'y aurait-il pas plus pertinent à faire ailleurs ?

et sinon j'ai terminé ma première partie de disco elysium avant de partir au travail tout à l'heure

samedi début de soirée, je regarde la nouvelle saison de bojack et c'est l'enième arrêt de fumer
mal à la tête
dimanche, mal de tête ; hier je pensais "is that's all there is ?"

mercredi matin-midi, réveil délicat sans café, j'arrose les plantes et fait cuire des patates, je pense aux choses que je ne fais pas, à cet attestation de la procrastination sans effet, même pas un haussement d'épaule
willow me mord
je glisse sur une déprime douce pluvieuse
ah oui j'ai rêvé que j'étais dans une salle de journalistes, assise sur un canapé avec q., et un type tenait de propos de chef méchant à un des journalistes, qui a travaillé sur le cordiste tué par son boulot et je prenais la parole pour dire au chef "non mais ça suffit, à quoi ça sert d'humilier ainsi ton salarié, etc."

jeudi trente et un, après le kiné, j'ai peu dormi car des tas d'idées ont pris plus de place que le sommeil cette nuit, et puis des rêves étranges devenus flous entre temps


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