février 2019
le premier, vers midi
je relis mes dernières notules, il y a quelques jolis passages et beaucoup de choses en suspens, des souhaits de poursuite d'idée, de concrétisation, de mise en forme
de rondeur
éparpillée
(est-ce que c'est dommage ?)
je réfléchis à une possible méthodologie pour ne rien perdre, pour persévérer dans mes petites ambitions et la question de lieu revient à nouveau: même si j'arrive à garder une ligne de conduite (sur mes lectures et cie), où déposer le condensé. une infolettre ?
2. 12:44
"Car l’œil ne peut fonctionner correctement sans la mémoire de notre expérience corporelle. À l’origine, d’ailleurs, « tous les sens, y compris la vue, sont des extensions du sens tactile » ; ils sont des « spécialisations du tissu de la peau »."
les mots dont j'oublie toujours le sens : vernaculaire
4. 2:10 moody since a few days, je ne prends plaisir à pas grand chose, de l'ennui amer que je ne sais comment résoudre
bingewatch de the fabulous mrs. maisel
je ne sais plus trop comment m'occuper et ça me rend un peu triste de "perdre" mes deux jours de week-end ainsi.
dans la nuit, une heure du matin exact, du jeudi sept au vendredi huit
twitter m'enlasse, les nouvelles du monde par ce prisme m'attristent et plombent le reste ; troisième et dernière journée de formation sur le récit de vie : meh. je suis rentrée, j'ai dormi deux heures et j'ai fait un gros rêve de maraude, bus, croix-rouge, 115, collègues, gilets jaunes, lits superposés, insectes dans le mur, musée et miroir, soldats.
heureusement j'ai relancé Beckett et c'est inspirant, du bricolage créatif et littéraire
comment s'appelle la gêne éprouvée à la place ou pour l'autre
(j'en ai marre d'essayer d'écrire)
mercredi treize, dans le train
la chaleur jaune du soleil sous les paupières
lors des longs trajets, je tente souvent de ne rien faire pendant le plus longtemps possible, voir où l'ennui me mène ou m'emmène, vers quelles divagations (avant d'ouvrir un livre, une revue ou de poser un casque sur mes oreilles)
des étincelles étoilées
rouges
ça clignote vigoureusement
"en embuscade face à l'horizon"
14. 02:17 chez les copains c'est chouette
3:58 les moments de twitter que j'aime bien : être high et lire une tl remplie de live-tweet de la soirée sur le Nintendo direct et voir écrit partout tetris battle Royale et je ne comprend pas mais c'est drôle. et puis les reste
(me souviendrais-je de la pelote de laine et de la corne)
le compliment de savoir bien traîner sur internet (à la fois de la curiosité et du savoir trouver sans chercher) : un mot nouveau
15, 1:13 c'est quand même chouette les vacances
écrire un poème *partir* sur le nostalgie bourgeoise des lieux vécus, le confort d'une vieille habitude de la ville, l'urbain comme souvenirs, des endroits qui se délient dans la topologie de mes rêves quand je dors
16. 2:34
hello there
13:14 "une circonstance de la présence au monde."
il n'y a pas d'autres ailleurs, ballast
17 00:07 trop mignons les pangolins
"l’art de dilater le temps" goliarda sapenza, ballast
18:18 le train du retour, la lenteur du retour chez-soi
le vingt deux, je n'ai pas écrit depuis dimanche soir car je remplace par de l'enregistrement. j'essaie. avec la grippe.
24. 16:16
le chat ronronne sur mon ventre en ce moment même, quelle petite délicatesse d'amour que cette bestiole sauvage
depuis que je tente vraiment de ne plus manger de viande, je me permets plus d'aimer les animaux, j'ai comme l'impression que la culpabilité de la viande (des cadavres d'animaux morts) retient une certaine joie, communion envers eux. c'est un conditionnement positif naturel, peut-être.
hier, visionnage de deanne smith. c'était chouette. des idées sur l'escapism (how do i get out)
j'appréhende un peu la reprise du 35h boulot semaine, je commençais tout juste à apprécier le temps long à parcourir la vie.
le chat est si doux et mignon, et vulnérable et il me fait confiance en s'endormant contre moi
est-ce que ma poitrine qui respire, le rythme des inspirations expirations rappelent aux mammifères l'intérieur du ventre maternel, quand nous étions ballottés dans un truc vivant et chaud, qui respirait lui aussi. petite matrice ta tête sur mon ventre, je me souviens de ce calme, je te l'offre.
(sorcière)
mais le petit chat qui dort sur moi empêche tout mouvement de corps, je n'ose pas déranger son sommeil et me retrouve coincée
qu'est-ce que j'irai faire si j'étais libre de toute façon ?
jouer bêtement à des jeux vidéo ? je suis à la recherche d'aventures, des images me viennent parfois ce sont des souhaits de paysages irréels
hier, en regardant l'épisode d'anthony bourdain en asie, je me suis souvenue de mon attrait envers ce pays à l'adolescence, un attrait timide, jamais trop prononcé, vers l'hymalaya par là, il y avait parfois dans mes rêveries un enfant typé que je mettais au monde, au milieu des montagnes. j'étais une très grande voyageuse en puissance alors, j'allais partir et explorer ce monde immense, fouler la solitude aux portes inconnues exotiques. puis, finalement, non, et il n'y a pas de regret, je ne suis pas devenue cette personne là, il y a des tas de personnes que je ne suis pas devenue mais celle que je suis, je ne la connais pas, elle ne faisait pas partie de mes plans futurs imaginés.
c'est bizarre. parfois des bouts du passé font retour, des bouts lointains dans le sens peu souvent convoqués quand je pense à avant, quand je réfléchis aux causes de mon être aujourd'hui. des bouts que je ne considère pas flamboyants dans ma construction actuelle, mais quand ils font retour, que je me rends compte que je les avais bien oubliés, je me demande combien d'autres morceaux sont ainsi enfouis quelque part, en attente d'être re-racontés à l'aune du présent, recollés à mon histoire éparpillée ; je l'avais dit un jour à mon psy, que c'était toujours la même narration qui me venait à mon endroit
j'aurai pu peut-être passer lui dire bonjour à * le week-end dernier, j'avais envie puis non, et c'est bien cela qui me constitue : le flottement imaginaire idéalisé
je n'ai jamais apprécié être une patiente, c'est-à-dire une patiente parmi tant d'autres. le métier de psychologue ne répond finalement pas à mes attentes de savoir comment ça se passe dans la tête des autres, je suis déçue.
21:50 je me couche tôt, il y a une certaine fatigue à la joie, ce n'est pas de tout repos que d'être apaisée !
27. 00:21 une petite mélancolie de moi-même, j'oublie la douceur de ma spécificité (la solitude)
qui rend
sensible
ce qui est autour.
l'errance en ville lorsque j'étais jeune ; désir de fugue, sage dans mes baskets.
(j'ai toujours eu du mal à balancer des vieilles chaussures trouées, la godasse est mon vêtement fétiche)
22:53 tellement agréable les auto-massages crâniens avec de la crème pölar
"Il y avait longtemps que je n’avais pas vécu avec moi-même", Françoise Sagan, Toxique, 1964.
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j'ai trouvé ce qui m'arrive : je suis émue.
le reflet dans la glace a vieilli.
je suis émue, c'est une ancienne sensation et je ne savais pas qu'on pouvait l'oublier ; un jour et puis l'autre j'étais devenue trop émue, les millions de choses se densifiaient en mon être frêle (quelles choses ? tout!) et le monde changeait de couleur ; la lumière derrière mes paupières devenait un univers ailleurs qu'ici, et qui pourrait nous sauver du désastre qui vient.
c'était trop fort,
alors cela s'est tu.
l'émotion avait perdu son canal de diffusion vers moi, j'étais enterrée (quelque fois la lumière derrière mes paupières
kaléidoscopique
me rappelait cet étrange épisode de ma vie où je fus folle)
mais ça revient,
je suis émue à nouveau
et c'est calme.
(je retrouve une trame de moi-même)