mai 2020

« J’ose dire que la création littéraire doit être sabotage de ce qui est. Que conçue autrement, elle est complice de l’ordre établi, c’est-à-dire d’un principe de rétrécissement de l’homme, et d’un facteur de laideur universelle. À notre époque, toute construction nouvelle se rend complice des constructions qu’il faudrait détruire, toute création sans sabotage ajoute à la décomposition de ce qui s’est créé pour rien. » (Discours contre les entraves, 1979) - Marcel Moreau
1er mai !! je lis CQFD, c'est cool.v (je suis sur le chrome book c'est pas pratique pour les signets &cie: à voir plus loin ceci mort-de-marcel-moreau-possede-du-verbe)

mai 2, oh non pas la migraine
dimanche, encore la migraine, à l'aide
du coup j'écoute le dernier album de Kate tempest dans le lit,

mercredi six mai, neuf heures du matin sur l'ordi du boulot.
je ne sais pas si je dois écrire ici ou dans mon document au long cours du travail. j'ai envie de poser à plat mes _tourmoiments_ en lien avec la crise sanitaire et mes deux ans de boulot

depuis lundi après midi en veille sociale une figure me hante un peu, cette dame croisée sporadiquement en maraude: une fois le bras cassé à l'air libre, dans une robe rouge et maquillée comme jamais puis une autre fois, regardant son test de grossesse positif une canette de bière à la main. elle a accouché prématurément et se retrouve de nouveau dehors, dans des squattes où la drogue circule
mais quelle est la logique qui fait dire et qui fait entendre et personne ne moufte que ce ne serait pas sécurisant pour elle d'être hébergée par le 115 dans une chambre d'hôtel ou même un appartement en colocation ?
je me rends de plus en plus compte que je suis sidérée lors de ces réunions, que je n'arrive pas à me révolter, que je reste silencieuse en broyant ma colère pour plus tard
trop de stupeur
puis, en cette période de confinement masqué à un mètre de tous, à quoi on sert. les gens que nous accompagnons vont biens, ou en tout cas pas plus mal qu'en temps habituel.
j'ai regardé un documentaire (push-chassés des villes) et il y a la rapporteuse de des nations unies sur le logement convenable: est-ce qu'elle trouve aussi que son métier est vain parfois ? est-ce qu'elle se demande où porter son énergie pour que cela soit le plus pertinent possible ?
dans mes projets à venir: lire bien le manifeste de l'ucl et leur envoyer un mail. peut-être qu'en rencontrant des camarades travailleurs sociaux militants j'y verrai plus clair. c'est impératif car le sens s'effrite en ce moment. (ou il faudrait que je casse quelques murs, que je prenne des risques "affectifs", aller à l'encontre parfois de la loi ou tout du moins de mon cadre d'intervention pour proposer autre chose ; mais en suis-je capable ?)


nuit: impressionnée par l'éclairage de la lune

8.mai dans le lit, les yeux ouverts depuis 7:30, tentatives diverses plus ou moins fructueuses de rendormissement, il est maintenant 10:21, la fatigue pèse sur tout le corps (toujours principalement les paupières), j'ai 29 ans !

hier soir j'ai regardé "delphine et carole, insoumuses"
un fond d'anxiété persiste aujourd'hui, peut-être à cause d'un rêve étrange

lundi matin, brouillardée brouillonnée
les yeux encore ouvert à 7h du matin, le sommeil se raréfie et il y a des relents de souvenirs inquiets qui s'approchent avec l'été, inconditionnellement non consolables (non rassurables car un poil irrationnel)
j'ai fait le rêve le plus étrange cette nuit, extrêmement gore à la fin, dérangeant mais pas terrifiant dans les sens, avec une dame de la maraude que je croise parfois, qui est en expulsion locative, toute chétive dans la réalité et là, elle travaillait dans un bureau élégamment décoré, elle était habillée chic, avec de l'aisance, elle répondait au téléphone avec des clients ou des bénéficiaires (genre protection judiciaire des majeurs) avec désinvolture et savoir-faire ; au bout de ses cheveux, il y avait un mécanisme beauté qui faisait une bande lumineuse coloré clignotante son bureau était dans l'immense appartement de son patron et quand j'essayais de partir d'ici, je me perdais dans des couloirs et il y avait du personnel (femmes de ménage, valet, cuisiner) à l'allure zombie, le teint grisâtre et les yeux sans pupilles noires, au loin un mur ensanglanté, peut-être la cuisine, des êtres comme un mélange de choses lynchiennes et la bestiole de la chambre ? de shining, décomposée.
dans ce même rêve ou un autre, c'était life is strange 3.
alors oui, j'ai un peu de mal à me concentrer sur des lectures ce matin, ou sur le travail en général.
sinon ce week-end, j'ai continué le docu "le temps des ouvriers", très bien, j'ai regardé un petit docu "j'suis pas malheureuse", pas mal, on a fini la saison 4 et commencé la saison 5 de buffy, puis j'ai beaucoup joué à raft. mes pancakes à la banane s'améliorent et nous nous sommes nourris essentiellement de fromage. j'envisage d'essayer le yoga pour atténuer mes douleurs dorsales récurrentes.

vendredi 15 mai, fin d'après-midi. je suis un peu assommée (et je viens de jouer à une démo qui m'a donné un peu de nausée)
alors voilà, j'ai eu * au téléphone tout à l'heure. je lui ai envoyé un mail dans la matinée pour lui demander quelques pistes pour reprendre des études, faire de la recherche, etc, et il m'a appelé ! j'ai passé ensuite quelques heures à évaluer mes différents options de master en doctorat, entre psychologie sociale et sociologie politique ou même science politique.. je suis perdue.
la question "pourquoi une thèse" est bien présente face à la lourdeur administrative de la démarche.

dimanche fin d'après midi, fatigue immense (je me réveille puis me lève trop tôt, je ne connais plus les grasses matinées)
j'ai reçu ballast, lu le premier article sur le pain, j'ai écouté un podcast sur la mort en ligne, une interview d'Inès leraud et pauline macourt, le premier episode de la compagnie des auteurs sur david simon, on a mangé des croque-monsieurs à la ratatouille avec les voisins dans la cour, j'ai joué à apex un peu
hier soir on a regardé des buffy en mangeant un wrap falafel, j'ai fini aussi le docu sur les ouvriers
il y a quelque chose dans la voix des vieux intellectuels. ce coup de fil d'un monsieur sociologue fait des échos à d'autres figures potentiellement paternelles, comme bien évidemment le psy de * - et je ne sais pas quoi faire de cette information ; un début d'intuition qui ne mènera jamais à rien.
quand j'ai le temps, comme le week-end libre, il y a comme un devoir de rattraper des choses en retard, une pile mentale de trucs à faire, fabriquer, écouter, puis finalement je me retrouve dans une errance du divertissement-rien, flottante sans connaître l'objet réel de mes projections : une épopée languissante évanouie avant l'heure
comme c'était mon anniversaire il y a quelques jours, je repense à fabriquer un carnet-zine de mes vieux carnets, j'imagine m'enfermer avec toutes mes notules du quotidien pendant une semaine, esseulee face à moi-même
j'ai écouté aussi un les pieds sur terre sur un gars isolé sur l'océan
mmmh.
ah oui, et puis, comment faire pour rompre sa disponibilité

//
Etel Adnan "Every breath is considered, measured, observant – perceiving even ‘a crack in the/ texture of the day.’"
a crack in the texture of the day

/
oh non je me réveille d'une sieste à 17h et me rend compte que j'ai loupé la micro sieste de radio canut et j'ai envie de pleurer

je suis fatiguée et triste, je veux juste me divertir malgré les onglets ouverts partout

le 23, samedi matin-matin. oui je voulais lire des choses sur le municipalisme libertaire et tout, mais
ce week-end je le commence sans migraine alors peut-être que tout ira mieux
(ça ne marche jamais, hein, cette histoire de noter les humeurs)

j'ai regardé miso et maso sont dans un bateau, je pense à ma grand mère, à ma mère, comment ont-elles fait pour survivre dans ce monde d'hommes moches
là je regarde un hors série sur la psychiatrie en révolte, toujours cette question de la psychothérapie institutionnelle, des pratiques alternatrices dans les interstices, la démocratie les clubs le lien dans la conflictualité
comment on s'en sort ensemble ?

ah bah voilà, je suis triste car il n'y a pas assez de comédies musicales dans cette dimension.
once more, with feelings

😴😴😴😶

il y a encore quelques fois où je retiens publiquement quelques comportements qui pourraient faire écho à un début de folie, comme me lever en pleine nuit pour lire alors que je me suis couchée tôt et que l'insomnie persiste à quatre heures du matin
alors je patiente et me rendors, en pensant à ces moments évanouis
qui seraient des
ouvertures

je ne suis plus tant bloquée que coincée

dimanche soir-nuit
un déjà vu en se brossant les dents
"People who travel more or watch more movies are more likely to experience déjà vu than others. Furthermore, people also tend to experience déjà vu more in fragile conditions or under high pressure, and research shows that the experience of déjà vu also decreases with age." oh, non oh : Jamais_vu

well, "Tamminen and Jääskeläinen speculate that déjà vu occurs as a result of hyperdopaminergic action in the mesial temporal areas of the brain"

lundi soir
j'ai lu plus tôt un truc sur les labo-fiction de l'antémonde et voilà de nouveau l'envie de lire des bouquins de science fiction féministe, ça serait bien de traduire ce papier pour brit marling et puis aussi ça fait écho à l'épisode deux des trois points où se trouve la merveilleuse chanson révolutionnaire de femmes
m'accorder une journée par mois au bricolage

"Alien begins as an interstellar exploration movie and suddenly folds in on itself becoming ‘a haunted house in space’." Darran Anderson "This simultaneous sense of entrapment and unknowable parameters is at the heart of Lovecraftian fantasy/sci-fi horror; we are adrift in a universe whose laws, origin, depths and perhaps even intentions we know very little of." or reality "horror works not because it creates new fears for us but because it peels away the layers we've placed between our daydreams and the existential anxiety we already have deep within us," mercredi: MEH.
jeudi, oui je suis lasse, vidée, rien ne me fait envie, ne m'inspire
puis le soir, finalement du calme à nouveau, c'était un début d'anxiété puis j'ai mangé un sandwich tomate-coulommier-mayo puis j'ai écouté la microsieste de radio canut avant d'aller en maraude

vendredi soir,
bain de peaux mortes
dysmorphophobie

décaler la paresse
écrire des poèmes pendant les temps de chargement
les doigts fripés par l'eau non reconnu comme empreinte digitale ralentit le processus tandis qu'une inconnue avec son micro ouvert geint

seulement des poèmes d'interstices de sieste

"il ressent les ondulations du monde"

|^|