février 2020
je ne fonctionne pas tout à fait correctement aujourd'hui
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le 11. lundi-nuit-mardi: la sonnerie du réveil est programmé demain matin, dans quelques heures à peine, et les effluves de weed parcourt encore bien mon corps
tant pis, j'étais un peu triste.
nuit du jeudi au vendredi 14 février, je dois aller me coucher bientôt car je me lève demain matin : il me manque un petit chromebook près du lit pour osciller du pc portable lourd et à son clavier lumière rouge au téléphone portable sur lequel mes doigts glissent sur l'écran en silence pour y annoter mes pensées
une tarte aux fruits improvisés
avec une mangue,
une orange
deux clémentines
une pomme
du jus de citron vert,
du sucre
et quelques pincées de ras el hanout
concotée au réveil avant même de boire le premier café de la journée
des rencontres plus simples
ne jamais être rassassiée des autres
croiser son reflet dans l'obscurité
se maquiller - mascara et rouge à lèvre, crayon bleu et eyeliner - rien que pour le nuit (sorcière)
se-perdre
j'ai la crève, j'ai mes règles, j'ai mal dormi ces deux dernières nuits et je vais à *, oklm
"c'est de la contagion le langage"
lundi soir minuit
je me sens bien avec moi-même, je me sens continuellement grandir, évoluer, changer, je me nourris de curiosités en curiosités, les yeux béats comme assise à l'arrière de la voiture ou dans le train et regarder le paysage/visage défiler, incorporer le décalage constant
se déconstruire, oui
et puis après
décoconcter
retrouver une place où il fait doux vivre magré la tempête
vendredi 21, fin d'après midi, je suis en weekend depuis mercredi soir oklm
il me manque quelqu'un à qui causer, quelqu'un qui ne soit pas un-e collègue mais qui bosse tout de même dans le même milieu que moi, pour aller boire de bières, discutailler du travail émotionnel ainsi que les non-perspectives militantes ; et tenir la barque malgré tout
malgré cette dame de quarante cinq ans, assise sur le muret habituel des street drinkers à l'arrière du parking du supermarché, en début de soirée
"je suis sortie pour vérifier que j'existe"
et nous sommes rester avec elle pendant plus d'une heure, regardant les étoiles depuis ce fond de ville mal éclairé ; bercées par l'humour perçant du désespoir: "je me suis même douchée aujourd'hui" déclare-t-elle comme une victoire, son rouge à lèvres dégoulinant aux niveaux des commisures de sa bouche. elle est là, avec sa solitude terrible comme seule solution trouvée face aux traumatismes vécu depuis l'enfance, elle nous donne un faux prénom car, nous avoue-t-elle plus tard, elle n'aime pas le sien,
"je suis arrivée à 7 ans à T., j'étais la seule arabe à l'école"
elle nous parle de son fils, une fierté, parti faire des études d'arts et spectacle dans le sud, loin de sa mère dépressive et alcoolique - les mains tremblantes elle n'arrive pas à tuber sa cigarette, elle n'a pas assez de sous ou d'énergie pour aller faire de nouvelles lunettes et elle n'y voit plus rien, elle touche les ASS et ne veut plus remettre son corps dans une blouse d'aide-soignante, le métier est devenu une nouvelle épreuve
on lui roule une clope et on en fume une avec elle, elle demande le briquet après chaque taffe car son récit ne s'arrête pas
elle ne comprend pas pourquoi elle est encore en vie, elle a pris des tas de théralène samedi dernier pour en finir et ça n'a pas fonctionné
une tentative de suicide encore ratée, ce n'était pas la première
et nos chemins se séparent (et c'est elle qui nous rassure: t'inquiète pas, va, ça va aller tout en nous remerciant de notre compassion)
mercredi soir, fatigue ; on fume, on discute
j'aime bien dégringoler de ma hauteur sur le lit, un matelas posé au sol
hier je regardais le débat pour la primaire démocrate des us et je me demandais : mais que veulent / qu'espèrent les capitalistes ?
samedi nuit, oklm je glande, j'attends des rencontres