j'écoute metz noire | noir boy george, il est 7:54am
je mène une petite vie bien remplie.
j'ai remis le vieux psy-psy à sa place de psychiatre plutôt qu'à celle de psychanalyste, il a posé le gros Vidal sur ses genoux, l'a feuilleté en se demandant ce qu'il prescrivait à l'époque, ce qui se prescrit de nos jours, et après avoir lu quelques notices, il m'a prescrit du zopiclone 3.75mg en si besoin. Il y a cinq comprimés dans la boîte. j'en ai pris un hier soir, vers 21h30, et j'ai demandé à q. de m'accompagner car je n'étais pas 100% rassurée, mais je me suis endormie tout doucement, confortablement. Petit réveil vers 4h du matin avec la crainte de ne pas réussir à me rendormir, je me suis décalée dans la petite piaule et je m'y suis rendormie jusqu'à sept heures. La migraine est partie, je sens qu'une sieste n'est pas loin mais peut-être que la weed n'aide pas. (j'ai oublié de préciser au psy que j'étais dans une période fumette)

dans mes lectures et rencontres, on parle du prendre soin collectif et d'altérité, de poésie, de folie et de révolte. je découvre un psy libertaire qui a fait ses études lors d'une peine carcérale, et il écrit:

Q. : Cet homme révolté que vous évoquez, dans la situation actuelle de nos sociétés, n’est-ce pas un déséquilibré ?
Jacques Lesage de La Haye : C’est un déséquilibré pour les normopathes puisque, pour être aussi sensible à l’injustice, à l’inégalité, à la non-fraternité, à l’abus de pouvoir, il est état-limite, c’est-à-dire un peu plus que névrosé. Un névrosé, ça va, il est angoissé, anxieux, déprimé, spectaculaire, phobique ou obsessionnel, mais un étatlimite est quelqu’un d’hypersensible et qui peut souffrir autant de la souffrance de l’autre que de la sienne. Ni psychotique ni névrotique, le révolté, du fait de l’intensité de sa réactivité, de son intolérance à l’abus de pouvoir, à l’autoritarisme au profit de quelques-uns aux dépens de la masse, peut être, oui, considéré comme état-limite par ceux qui décident, sur le plan psychiatrique, qui est normal et qui ne l’est pas.
Mais soyons raisonnables un instant : pouvons-nous penser que nous pouvons faire l’économie des sensibilités de ceux qui sont exploités, qui vivent dans une situation précaire, qu’il s’agisse de leur salaire ou de leurs conditions de logement ? Pouvons-nous entériner cette situation, ne pas la critiquer ? Ne vaudrait-il pas mieux qu’il y ait davantage de personnes heureuses, épanouies, bien nourries et bien logées ? Si notre sensibilité nous amène à aspirer à cela pour le plus grand nombre, alors la normopathie se trompe quand elle considère que ce sont les névrosés capitalistes qui ont raison et les révolutionnaires état-limite qui ont tort.

ou encore

Q. Souhaitez-vous répondre à une question que nous ne vous avons pas posée ?
Jacques Lesage de La Haye : Pensons-nous, vous, moi, qu’une révolution est possible qui amènerait plus de bonheur pour l’humanité ? Je pense à un livre de science fiction d’Ursula Le Guin, *Les Dépossédés*, qui, sans le moindre angélisme, n’omettant rien de la méchanceté humaine, n’exclut pas la possibilité de créer un système collectif qui permettrait d’établir un dénominateur commun minimal de bonheur, et qui ne se ferait pas sans casse car beaucoup voudraient, pour rester dans le camp des privilégiés, que ça n’arrive jamais. Seulement, il ne nous revient pas de dire comment ce type de fonctionnement social doit exister. Ursula Le Guin ne fait que donner un exemple car si un tel système devait un jour advenir, ce sont ceux qui se révolteront qui sauront comment mettre en place un système respectueux de la liberté de chacun. Il s’agit peut-être là d’un rêve, d’une utopie – et chacun sait qu’une utopie, c’est ce qui est impossible aujourd’hui mais possible demain.
Un grand panneau blanc posé par terre avec écrit en grand: Et vous ? Qu'est-ce qui vous révolte ?
Une personne est accroupie allongée et écrit quelque chose. De nombreuses réponses sont écrites en vrac.


je vais prendre le train armée de mon ffp2 et peut-être ferais-je l'école buissonière à ma formation syndicale pour aller me promener dans les rues de la ville où j'ai fait mes études et mes premières années non scolaires.
en marchant en ville, sans être celle qui distribue du café à l'affût des ombres au creux de l'asphalte, avec mon casque et de la musique forte sur les oreilles,
en allant dans ses entours à l'extérieur du centre, dans ses micro forêts à ses abords, je m'approprie enfin cette ville où j'habite et travaille depuis quatre ans. On ne peut rien faire seul-e et on apprend
Que tout commence
Par un pas.

Une capture de street view à l'emplacement de la fontaine, la rue est pavée, il y a des plantes vertes et du lière, une statue de silhouettes rondes humaines, une petite famille est représentée. Sur les murs, des trompes l'oeil sont peints, avec des fenêtres ouvertes sur des personnages et leur quotidien. J'ai dessiné grossièrement trois stick-human installé sur la fontaine, et un vélo. j'ai fait une rencontre poétique lors d'une nuit blanche après un week-end seule et coincée. j'explique au psy-psy que si ma manie était un peu plus loin sur son chemin vers la folie, cette découverte m'aurait embarqué là où je n'ai plus pied. -- Une interprétation ?, demande à personne le psy. Je ne dis pas à voix haute car j'y pense une fois dans la rue: Un signe.
puis, en fin d'après midi, imbibée de fatigue et de siestes après ma nuit blanche et mes quatre heures passées tôt le matin sur un piquet de grève, je rejoins v. pour un café comme convenu la veille, mais le Kohi est fermé, on va pour se poser un instant sous un arbre pour fumer une clope et débarque en vélo a. qui passait par là. une réunion impromptue de quelques syndicalistes révolutionnaires de la ville, on est allé s'asseoir sur une grande fontaine à eau vide dans ce petit passage piéton et on a discuté une heure.


je ne sais plus lors de quelle sieste j'ai écouté l'épisode Flood des trillbillies, recommandé par q. ; mais je me souviens avoir versé quelques larmes et m'être assoupie de temps à autre. L"article de Tarence, un des deux podcasteurs, est ouvert dans mes onglets, en attente de lecture. J'avais beaucoup apprécié son article A Way Out. Mutual aid & dispair, sur l'air de The DO.
j'ai prêté le bouquin Les autoréductions, Grèves d'usagers et luttes de classes à b. en lui disant que j'avais pensé à lui au chapitre 1 sur les luttes à Fiat en Italie pendant les années 70. je continuerai ma lecture en PDF, et j'espère que cela lui plaira, qu'il m'en dira quelque chose. Il y a de la colère dans les usines,
Il y a de la colère partout.

Captures ~~

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dans des recoins ~~

j'écoute maintenant La Langue | Arlt, les notes pour mon recueil de poèmes de révoltes continuent à être agrémentées dans l'attente douce et l'oubli. il y a entre trois à cinq personnes à qui j'envois de manière aléatoire et sporadique des .pdf de notules, parfois vieilles, parfois récentes et des chemins secrets de girl-moss. La petite distribution dans des interstices ;
depuis le temps qu'on se dit qu'il manque une librairie - lieu pour les anarchistes dans cette ville, et que déjà se prêter des livres, ouvrages, idées - se réunir, c'est une librairie ambulante. On commencera par un infokiosque à la manière des personnes qui veulent nous apprendre la vérité de la bible.

un extrait : perpignan.pdf